mardi 15 septembre 2009

Soudan


Vous avez sûrement entendu parler de la journaliste au pantalon ? Si oui, tant mieux, sinon, c'est une bonne occasion de s'instruire, et je pense qu'il serait utile de remettre dans son contexte toute cette histoire. On va commencer par un peu de géopolitique, si ça vous dit.

Le Soudan est un pays essentiellement musulman qui se situe au Nord-Ouest de l'Afrique. Ce pays a, depuis son indépendance en 1956, enchaîné les guerres civiles et les coups d'états dont le nombre se monte à 5 depuis ce moment-là ... La guerre dont vous avez le plus de chance d'avoir entendu parler est la guerre du Darfour, qui a commencé en 2003 et qui a déjà fait plus de 300'000 morts et 2,7 millions de réfugiés qui vivent encore aujourd'hui dans des camps. Comme on le voit, la situation n'est pas vraiment rose au Soudan.

Maintenant, penchons nous sur la situation des femmes dans ce joli pays, si vous voulez bien. Selon le rapport du centre de développement de l'OCDE, en partie à cause de l'introduction de la charia (loi islamiste), les femmes subissent de grosses discriminations économiques (héritages, accès au capital ...), physiques (excision, subie par 89% des femmes), et pour des questions de libertés. Elles ont souvent l'interdiction de travailler, de porter des habits agréables selon la chaleur, de refuser la polygamie de leur mari ou de décider elles-même de leur mariage.

Et dans ce paysage politique très agréable, on a beaucoup parlé ces derniers temps de Loubna Ahmed Al-Hussein, une journaliste qui attaque régulièrement le régime par ses articles, et essaye de changer un peu les choses, ce qui ne plaît pas énormément à Omar El-Béchir, président autoproclamé en 1989. Elle a été arrêtée le 3 juillet dernier dans un restaurant parce qu'elle portait un pantalon. D'habitude, car c'est l'habitude en effet qu'une femme pantalonée se fasse arrêter, les accusées reçoivent quelques coups de fouet, et on n'en parle plus. Loubna possédait l'immunité due à son poste à l'ONU, mais décida de ne pas s'en servir : elle voulait rendre publique l'absurdité de cette loi. Elle se laissa emmener au tribunal ; le jour de son jugement, de nombreux sympatisants de la journaliste étaient présents, et les coups de bâtons policers plurent. Il y eu quelques arrestation : que des femmes. Mais comme Loubna avait fait faire une énorme publicité autour de ce procès, sa sanction fut bien diminuée pour éviter de se faire une mauvaise réputation : seulement une amande. Loubna refusa de payer pour avoir porté un pantalon : elle se retrouva en prison pour une journée.

Elle est à présent sortie, et plutôt contente d'avoir réussi à attirer autant d'attention du monde entier sur cette loi absurde qui ouvre la porte aux maltraitances des femmes de manière totalement arbitraire. On espère que cette affaire aura une répercussion dans l'avenir et que l'intérêt mondial pour ce problème ne va pas retomber ...

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